Halloween approche à très grand pas, et c’est un peu comme si cette fête avait toujours existée chez nous en fait.
Alors oui, je vous vois venir, c’est une fête commerciale, c’est pour l’argent etc… Vous n’avez sans doute pas tort, je vous l’accorde mais bon, ça fait vivre l’économie entre l’été et les fêtes de Noël après tout (et les brasseries aussi s’amusent avec cette fête).
Pour ma part, j’ai fêté Halloween très jeune, j’avais 8 ans (j’en ai 34 aujourd’hui) et à cette époque cette fête était quasi inconnue à part dans des films mais cela tenait d’une tradition que nous, français, voyions de loin. Mon meilleur ami était américain, donc nous fêtions chaque année cela ensemble dans le village de ma grand-mère. Jamais je n’aurais cru que peu d’années après, un tel engouement prendrait place pour Halloween un peu partout en Europe et j’ai eu envie d’en savoir plus.
Au début j’avais prévu de vous raconter l’histoire d’Halloween en intro, mais le sujet de base m’a pris tellement de temps que je préfère en venir directement aux faits, et à travers cela, je vais vous parler d’un personnage bien connu du registre fantastique, la Sorcière.
Vous allez voir que derrière cette iconographie amusante aujourd’hui, se cache une histoire mouvementée, triste dirais-je même et qui a un lien avec la bière (mais pas que!).
Desperate Alewives
Avant toute chose ce que vous allez lire relate d’événements qui se sont étalés sur plusieurs siècle, ce n’est pas des événements qui se sont déroulés sur quelques années seulement, mais déjà que l’article est long, c’est normal de vous le résumer le plus possible.
Si on regarde les écrits les plus anciens, ce sont toujours les femmes qui ont brassé, vous le savez à force que je le répète. Nul ne sait qu’est-ce qui a été trouvé en 1er, le pain ou la bière et par qui et quel sexe, toujours est-il que la bière (et le pain) ont toujours été faits par des femmes, l’histoire le prouve à maintes reprises.
Au moyen âge période sur laquelle nous allons débuter notre récit, s’occuper des céréales, la préparation culinaire ou brasser de la bière étaient des tâches ménagères (heureusement les temps changent peu à peu), et pour brasser cette bière, celles-ci pratiquaient l’herboristerie. L’usage de plantes était connu pour avoir des vertus médicinales, du coup, à l’époque les femmes étaient aussi consultées en ce sens par les autres.
Le fait que ce soit des femmes qui brassent était logique pour l’époque, d’une part, c’était règlementé, mais aussi on vouait principalement cette activité aux femmes car c’était quelque chose de peu rentable, faisable à domicile et pouvait intervenir légalement comme un surplus de revenus régulier si elles étaient mariés ou une source de revenu tout court si elles étaient veuves. Tout était légiféré en amont, bien que peu souvent contrôlé surtout chez les plus modestes, souvent les femmes qui vendaient le plus de bières étaient les plus aisées et elles supervisent surtout le brassage via des servantes et qui, de par leurs volumes, étaient par contre, beaucoup plus contrôlées.
Beaucoup de brasseuses étaient enregistrées via un registre du Aletaster, c’est celui, en gros qui goûtait les Ales et en fonction de celles-ci en régulait le prix de vente, du coup pas toutes ces femmes ne prévenait ce Aletaster, histoire de ne pas trop perdre de bénéfices.
Il faut aussi comprendre, et nous y reviendront dans les futurs articles sur l’histoire de la bière, que les gens à l’époque médiévale entre autre, ne buvaient pas pour s’enivrer mais surtout pour ne pas s’empoisonner avec de l’eau qui regorgeait de maladies justement.
La bière se consommait comme de l’eau aujourd’hui au final, l’alcool était souvent faible, et comme le houblon n’était pas encore répandu, elles se gâtaient rapidement, donc étaient bues, de ce fait, rapidement.
Le brassage était l’une des activité les plus lucrative pour les femmes, que l’on appelait les Aleswives car vous allez voir aussi par cela, pourquoi d’un coup les hommes ont repris la main au point que les générations actuelles tombent des nues en apprenant que les femmes brassent depuis toujours et depuis BIEN plus longtemps que les hommes.
Maintenant repartons sur le mythe de la sorcière un court instant et rappelez-vous bien de 4 symboles qui la caractérise : un balai, un chapeau noir pointu, un chaudron et un chat noir.
La symbolique de la Sorcière et son lien avec les femmes brasseuses
On va faire simple, voici en gros les 4 symboles cités ci-dessus et ce qui les lierait aux femmes brasseuses (ou pas) :
Le chapeau noir : Les fameuses Alewives, pour se faire reconnaître sur les marchés, avaient pris pour habitude de porter sur elles un chapeau noir pointu bien visible afin de signifier leur présence dans la foule, on n’a pas d’affirmation sur cette origine, on l’attribue essentiellement à un type de chapeau porté par les femmes nobles ou certains puritains (hommes ou femmes), donc est-ce que les Alewives sont l’origine de ce fameux chapeau? Peut-être mais ce n’est pas sûr, mais c’est ce que nous dit la légende.
Le balai : Là encore c’est très simple, nous avions évoqué que les Alewives brassaient à domicile en complément de revenu, lorsqu’une maison disposait d’un surplus de bière et qu’elle voulait le vendre, la brasseuse disposait une gerbe de blé, ou d’orge au-dessus de son entrée, (un Alestack) cette gerbe a peu à peu pris l’apparence d’un balai dans la symbolique. Toutefois, encore, cette affirmation est à prendre avec des pincettes car il n’a jamais explicitement était écrit que cela était dû à cette gerbe de blé, néanmoins le balai était bel et bien associé à une femme et le fait qu’elles volent provient d’histoires fantastiques qui ont perdurées avec le temps, au point que les gens ont commencé à y croire pour de bon à l’époque.
Le chaudron : Le fameux chaudron de la sorcière qui fait bouillir des enfants, tout simplement, vous l’aurez compris c’est la cuve de brassage, un liquide bouillonnant qui ennivre les gens, il en faut peu pour vous faire penser à une potion “magique” surtout à l’époque.
Le chat noir : Là encore, les chats étaient utilisés pour simplement chasser les rongeurs des réserves de blés nécessaires à la bière (et au pain). D’ailleurs le chat n’était pas forcément noir, mais aujourd’hui encore ces pauvres félins souffrent de cette réputation de malheur qui leur colle à la peau (j’ai un joli petit chat noir et il ne m’apporte que du bonheur à titre personnel).
On associait également souvent le fait que le noir était la couleur liée au Malin, on avance parfois que les chats peuvent communiquer avec l’autre monde etc…. De ce fait, si une femme s’occupait trop de son chat, on pensait qu’elle en oubliait son mari et donc…. C’était une sorcière (vous voyez le facepalm là?). Autrement dit, tout argument était bon pour accuser une personne de sorcellerie….mais bien avant l’argument des chats et des souris, le chat noir était déjà perçu péjorativement, on peut le voir à travers de nombreux écrits et autres pamphlets médiévaux, mais ils se sont bien rattrapés depuis nos matous…
Les chasses aux sorcières
Mais alors, du coup, qu’est ce qui fait que l’on chassait les sorcières? Alors on ne va pas vous faire le coup de “c’est à cause de la bière etc..” non car ce serait trop simple. Les facteurs sont multiples, mais il y en a 2 principaux : La religion et un autre que je qualifierais de “Business is Business” ou éliminer la concurrence en jouant le patriarcat.
Vous avez tous entendu parler je pense, des fameuses sorcières de Salem en Amérique, au moins de nom mais connaissez-vous l’histoire?
Afin de clarifier les choses je vous en fais un bref résumé, sachant que Salem est un épisode, si ce n’est l’épisode le plus connu mais qui, à lui seul permet de comprendre le contexte, mais aussi la bêtise et la folie de cet épisode de l’histoire américaine.
Cela remonte aux premiers colons fraîchement venus d’Europe, ils étaient assez fragiles encore et très puritains. Salem était une bourgade coloniale quelque peu isolée des autres et vouée à un certain extrémisme religieux. Par exemple, si vous vous amusiez à faire une farandole, on pouvait vous accuser d’invoquer le diable, et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
D’après les recherches, cette colonie faisait face à des attaques Amérindiennes sanglantes, leur isolement faisait que le village n’avait pas vraiment de gouvernance structurée et elle était du coup relativement fragilisée.
Tout commence avec la fille et la nièce du Révérend Parris, Betty et Abigail qui ont l’habitude de jouer ensemble. Celles-ci s’amusent à essayer de lire l’avenir pour savoir comment serait, par exemple, leur futur époux. Elles font ainsi souvent appel à l’esclave de la famille, Tituba pour leur apprendre à lire dans l’avenir. Peu de temps après, les 2 jeunes filles agissent anormalement, parlent curieusement, titubent, ont des hallucinations etc…
Très vite les gens les croient possédés par un démon, et les deux filles en viennent à accuser la pauvre Tituba de les avoir envoûtées. Celle-ci fut battue et forcée d’avouer et d’accuser d’autres personnes (à tort vous l’aurez compris).
D’autres jeunes filles seront aussi victimes d’hallucinations et attitudes étranges, mais pour ne pas avouer que, elles aussi, s’amusaient à lire l’avenir, et donc pratiquer une certaine forme de sorcellerie, elles accusèrent d’autres femmes.
Il faut savoir qu’à l’époque les gens étaient si extrémistes dans la religion, que la logique en était occultée, ainsi que la notion de coïncidence dirons-nous.
Dans le cas échéant, les fameuses hallucinations venaient en fait de l’ergot de seigle, qui, si on en consomme en grande quantité (le pain était souvent fait avec le seigle) vous donnera ce genre de délires. En fait, l’ergot est un parasite du Seigle contenant un acide dérivé du LSD, autrement dit c’est une drogue hallucinogène naturelle comme le sont certains champignons! Aucune sorcellerie donc…. (Cherchez des infos sur Pont Saint Esprit à ce sujet d’ailleurs c’est assez dingue)
Pour revenir à Salem, il y eu de nombreuses accusations et condamnations à mort (des femmes mais aussi des hommes jugés complices), et ce n’est que lorsque le clergé de Boston s’en mêla après avoir eu vent de ce qu’il se passait, que tout cessa (le Clergé dira, il vaut mieux laisser partir 9 sorcières et 1 innocent, que de tuer un innocent).
Vous aurez compris que dans ce cas précis, Salem illustre assez bien ce qui s’est passé durant un long moment.
Nos pauvres Alewives n’étaient du coup pas en reste, les bières étant fabriquée avec des herbes, le houblon n’était pas encore démocratisé et donc, il pouvait parfois, selon les herbes ou le dosage, avoir des ratés qui pouvaient causer des maux, ou pire des hallucinations. Ainsi, si une brasseuse faisait une erreur, et qu’un consommateur en devenait malade, on allait se retourner vers elle comme étant une sorcière voulant empoisonner les gens, et comme vous l’avez lu plus haut, la bière était très importante pour rester en bonne santé par rapport à l’eau, il n’en fallait pas plus pour que ces pauvres Alewives soient rapidement accusées et persécutées…
Pour finir sur ce chapitre, je vous parlais de logique occultée par le puritanisme dans certains cas, c’est par exemple si une personne se dispute avec une autre et que, quelques jours après, sa meilleure vache était tuée ou mourrait subitement, elle va dire alors que celle avec qui elle s’est disputée lui a jeté un sort et là…. Sorcellerie! Et vous aurez compris la suite.
La chasse aux sorcières a duré longtemps, et s’est répandu aussi bien en Europe qu’en Amérique, mais aussi en Afrique et ailleurs, là où la sorcellerie est un crime, et toujours un crime dans certaines parties du globe encore aujourd’hui (la Charia est similaire à la chasse aux sorcières si on y regarde de plus près). On estime entre 40 et 100 000, le nombre de victimes de cette chasse, un grand nombre de personnes qui auront donc perdu la vie pour des futilités.
Enfin, les hommes aussi pouvaient être accusés de sorcellerie, en fait, dès que vous alliez à l’encontre de la religion, vous pouviez être accusé de sorcellerie ou de complicité, c’est aussi pour cela que bon nombre de scientifiques hommes et femmes furent persécutés, et sans doute que de nombreux travaux ne seront jamais connus ou certaines découvertes furent plus précoces qu’on ne le croit, mais étouffée et éradiquée par le fanatisme religieux de l’époque.
Outre le puritanisme religieux et la bêtise, une chasse aux sorcières qui profite aux plus “malins“
Là, je vous ai parlé de la chasse aux sorcières et ses raisons les plus connues, le puritanisme religieux et la bêtise engendré par ce type d’extrémisme (et cela existe encore aujourd’hui, et pas que chez les Catholiques je précise).
En fait, certains en ont profité pour éradiquer simplement leurs ennemis ou ceux qui devenaient gênants. Comme nous le disions, accuser son voisin de sorcellerie parce que l’on ne l’aime pas et que son veau est mort (naturellement) la nuit suivant une argumentation un peu houleuse était devenu un classique du genre, les questions ne se posaient pas, les gens étaient jetés en prison et exécutés via des procès ridicules (par exemple faire réciter une prière à une personne, hyper stressée, la moindre bafouille était fatale…).
La chasse aux sorcières a été l’occasion pour les hommes, et donc le fameux patriarcat de récupérer la bière aux femmes, l’industrialiser et bien entendu en faire une affaire d’hommes…
Tout vient en fait du progrès industriel, à partir du 16ème siècle de plus en plus d’hommes se sont mis à brasser, utilisant de nouvelles techniques plus rapides, et le houblon se démocratisant de plus en plus et rendant ainsi la bière, plus facilement conservable et stockable les hommes ont vite compris qu’en créant à grandes échelles, ils pouvaient ainsi réduire les coûts, augmenter les marges et donc faire du profit….. Et comme les femmes, à l’époque, pouvaient difficilement gérer des entreprises (on leur barrait la route), les hommes ont donc récupéré peu à peu le brassage car en général, soit vous aviez un partenariat mari/femme, soit, si vous étiez veuve, un homme n’était jamais bien loin pour surveiller ce que vous faisiez.
Derrière cela, il y avait le fameux patriarcat, cette tendance qu’ont les hommes à s’accaparer un peu tout et laisser la femme en second plan, voire en l’effaçant complètement (Petite pensée à ces femmes de chercheurs qui se sont vu voler leurs découvertes par leurs maris par exemple) et aujourd’hui encore, cela existe toujours, et dans tous les domaines, y compris encore la bière ou plus récemment si on voit les réflexions stupides après l’annonce d’une future sortie dans l’espace 100% féminine.
Les Alewives étaient mal vues, parce qu’elles parvenaient, pour les plus douées, à générer du profit, et gagner de l’importance au détriment de leur époux (elles devaient à tout prix rester inférieure vous comprenez…), autrement dit, elles devenaient indépendantes, elles enivraient les hommes et leur devenait ainsi supérieure car plus forte, bref, elles devenaient plus importantes que les hommes et ça, ça ne passait pas du tout à l’époque (enfin… ça continue encore hélas).
De plus, les Alehouse (maintenant on appelle ca des Pubs) devenaient de plus en plus répandues après la période de la peste noire, et les femmes, bien que moins nombreuses à brasser (il faut dire que la peste a tué énormément de monde, ca n’aide pas) gagnent là encore en “pouvoir”. Et les hommes y voient là une menace mais aussi une opportunité.
Ce mouvement était l’occasion de supprimer toute rébellion féminine (ou même féministe), surtout quand certaines femmes refusaient l’autorité féodale par rapport à leurs activités.
Alors on a profité du mouvement de la chasse aux sorcières pour englober ces brasseuses, les femmes qui s’obstinaient à brasser était diabolisées et accusée de vouloir empoisonner les hommes, ces pauvres hommes faibles qui ne demandaient qu’à boire.
Durant un temps, les brasseuses avec leurs chapeaux, leur “balai” et leur chaudron se sont vus donner cette image, aujourd’hui contemporaine, de sorcière. Bon nombre d’entre elles ont péri sur le bûcher alors qu’au fond, tout ceci n’était, dans le cas des Alewives, qu’une affaire de Business et d’élimination simple de la concurrence sur fond patriarcal quelque part.
Et puis, la parution de livres, au début de l’imprimerie (cf: le marteau des sorcières), qui vous permettait de trouver n’importe quel prétexte pour accuser une femme de sorcellerie n’a pas aidé à empêcher ce crime de masse…. Si vous y regardez à deux fois, on a refait la même chose avec les juifs, avec des livres qui, soit disant, permettaient de les reconnaître et les dénoncer, et les non-juifs tués, étaient, comme les hommes avec les sorcières, ceux qui étaient supposés en lien avec eux…. Comme quoi, l’homme n’apprends pas.
Une histoire méconnue qui reflète la mise à l’écart de ceux considérés comme marginaux ou inférieurs
Comme nous le disions, cette fameuse chasse aux sorcières a touché les 2 sexes et le monde entier, bien que les femmes soient majoritairement les victimes, on peut aussi citer les marginaux, les handicapés, ceux atteints de troubles psychiatriques (schizophrénie par exemple), ou encore ceux qui n’avaient pas les mêmes croyances (les juifs furent persécutés eux aussi).
Mais en ce qui concerne la bière et plus directement les Alewives, on est ici sur le fait que les femmes brasseurs, avec l’évolution de la bière et son rendement devenant de plus en plus juteux, ne pouvaient pas accéder à ce type de pouvoir dans les affaires, il fallait donc les éliminer, et à l’époque déjà, tous les outils pour les empêcher de se développer étaient à disposition.
Comme toujours dans la société patriarcale, l’homme voit la femme comme une menace et il la rabaisse ou pire encore il l’élimine.
On ne va pas refaire l’histoire, encore moins lancer un débat sur la patriarcat, d’autres le font bien mieux que moi, mais force est de constater que cette exclusion des femmes du milieu brassicole, d’abord par les chasses aux sorcières, mais aussi par la force des choses (c’est à dire sans la violence de cette période aussi), fait que les hommes ont pris le pouvoir sur la bière, jugeant que si l’on laissait cela aux femmes, elles allaient se révolter et demander l’égalité ou pire encore!
Au final je ne suis guère étonné de ce qui s’est passé, quand vous regardez bien, au moment où la bière s’est industrialisée, les bières n’étaient plus que fabriquées que par des hommes, que ce soit le gars du coin ou des moines cisterciens par exemple.
Tenez, regardez les groupes industriels d’aujourd’hui, pour n’en citer que deux : Guinness et Heineken, deux énormes brasseries, fondées par deux hommes, aucune brasserie industrielle n’est ou n’a vraiment été gérée par une femme, pourquoi? Parce que justement, les Alewives ont été éliminée de l’équation du moment où l’homme s’est intéressé à cela et via du bon matraquage publicitaire, jusqu’à très peu de temps, une femme ca n’aimait pas la bière, ça ne faisait que l’acheter pour son gentil petit mari….
Et maintenant?
Avec l’essor de la bière artisanale, et l’avancée des droits des femmes, force est de constater que les choses évoluent même si les clichés et la misogynie demeurent encore trop.
Toutefois si on reste en France, 1 brasseur sur 3 est une femme (donc brasseuse!) d’après certains chiffres, et on se rend compte que la bière n’est nullement une affaire de sexe mais une affaire de passion.
On a désormais des femmes qui brassent, tiennent des bars ou des caves, petit à petit celles-ci se font leur place et il n’est pas rare de voir des femmes derrière les comptoirs des exposants lors des salons, et ce n’est pas pour jouer les potiches, ce sont bel et bien leurs produits que vous goûterez et pas ceux de leur copain ou mari.
Alors oui, le milieu brassicole vit avec son temps désormais, petit à petit dirons nous, il y a encore des efforts à faire (coucou les bières sexistes et dégueus!), mais le milieu évolue avec la société elle-même, et il est judicieux de penser que si nos ancêtres étaient relativement stupides, il est temps de combiner nos talents sans se diviser selon nos sexes mais bel et bien en fonction de ce chacun peut apporter à l’autre, même si ce que je dis fais un peu Bisounours.
Dans tous les cas, le temps Alewives est révolu, maintenant, celles que redoutaient les hommes de l’époque, existent, elles ont leur business et font de bons produits, certaines sont mêmes unies à travers des groupes comme Pink Boots Society qui est une organiation internationale de brasseuses (on a des entité en France, aux USA, en Espagne etc….) et certaines s’amusent aussi avec ce côté sorcières justement (Cf: Brasserie des sortilèges).
Comme quoi, l’histoire est cruelle mais elle peut changer fort heureusement.
En conclusion
Alors que peut-on dire sur nos sorcières?
Déjà il y a une part de vrai et une part de faux, la symbolique autour des sorcières et des Alewives est, je pense, réelle, toutefois elle mérite d’être nuancée car les chapeaux ou autres accessoires étaient peut être liés aux femmes brasseuses, mais elles pouvaient aussi avoir ces symboles sur elles sans être brasseuses.
Autrement dit, il y a une part de légende urbaine et une part de vrai, les historiens et les archéologues font le reste, si les Alewives ont existé et qu’elles ont été accusées de sorcières, il est faux de dire que sorcières = brasseuses, c’est ici un raccourci erroné! Non, ici les éléments sont certes parfois liés c’est constaté et prouvé, mais d’autres sont aussi des interprétations qui se sont généralisées à tort, (le chapeau pointu ou les chats par exemple). Mais l’image des Alewives, caricaturées comme des femmes hideuses, révèlent que la sorcière que l’on connaît aujourd’hui, est en fait une image misogyne d’une profession, et de femmes persécutées.
Mais attention, on parle de bières, qui était l’activité la plus lucrative, mais la création de pain ou de fromage furent repris peu à peu par les hommes également, et sous les mêmes conditions que les Alewives.
Cet article est là aussi pour soulever plusieurs points importants qui me tenaient à cœur. Le premier c’est que derrière une fête devenue commerciale il y a une histoire intéressante.
Ensuite le fait que la bière et l’histoire restent intimement liées, et que le lien Alewives et sorcières, existe, bien qu’il ne soit pas exclusif à elles si on approfondit un peu les recherches historiques.
Également que la bière, c’est bel et bien une histoire de femme si on parle d’un contexte historique, et que ce n’est pas une affaire d’hommes comme les industriels se sont régalés à vous le démontrer, la bière c’est une affaire de passionnés avant tout, quel que soit son genre.
Enfin que cette fameuse chasse aux sorcières, bien qu’ayant touché aussi parfois des hommes, fut un moyen, encore une fois, de rabaisser les femmes et les mettre au second plan, comme hélas ce fut le cas dans de trop nombreux passages de l’histoire et aujourd’hui encore.
Si aujourd’hui on assimile la sorcière à Halloween ou une méchante dame, dites-vous qu’en fait derrière chaque sorcière se cachait surtout une femme malmenée par la bêtises des gens et des croyances complètement stupides.
J’espère que ce LONG article vous aura appris des choses, pour ma part cela faisait un moment que je voulais l’écrire, et je vous mets ci-dessous les liens d’un peu toutes mes sources.
Parmi elles je vous conseille l’article en 2 parties de Carol Ann de Hoppy Hours mais aussi le site Braciatrix (en Anglais) qui est une archéologue / historienne qui écrit sur la bière et les femmes dans la bière à travers l’histoire, l’article du très bon site “des grains au verre” également et enfin les travaux de Judith M Bennett restent une très bonne source de savoir à ce sujet.
Sources:
https://hoppyhours.net/2019/04/29/une-histoire-de-la-biere-au-feminin-1/
https://desgrainsauverre.com/2017/10/19/les-sorcieres-brassaient-elles-de-la-biere/
https://desgrainsauverre.com/2017/10/19/les-sorcieres-brassaient-elles-de-la-biere/
https://magazine.laruchequiditoui.fr/la-belle-histoire-de-la-biere-des-brasseuses-et-des-sorcieres/
https://braciatrix.com/2017/08/07/witchcraft-alewives-and-economics/
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352409X18303468
https://cdli.ucla.edu/files/publications/cdlj2012_002.pdf
https://www.academia.edu/5400021/Beer_and_Women_in_Mesopotamia_AOS_2008_
https://www.samorini.it/doc1/alt_aut/ad/civil-a-hymn-to-the-beer-goddess-and-a-drinking-song.pdf
https://www.ifao.egnet.net/bifao/064/06/
http://www.beer-studies.com/world-history/birth_of_brewery/primitive_beers/greece-crete
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sorci%C3%A8res_de_Salem
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tituba
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chasse_aux_sorci%C3%A8res
http://www.alltheswirl.com/blog/5ayax6j7b7nje35lr4lk48fj3cwlz3
https://brewhoppin.com/2015/10/the-truth-of-women-and-beer-witches/
https://en.wikipedia.org/wiki/Alewife_(trade)
https://www.facebook.com/PinkBootsSocietyFrance/
Hello Greg,
Ouah, l’article est hyper complet! Merci de partager ces quelques mots de l’histoire de la bière. 1 brasseur sur 3 serait une femme. Ce chiffre me fait chaud au cœur 😉
De rien Aurélie 🙂
J’ai aimé écrire sur ce sujet!