Keykeg, Polykeg, Inox, Ecofasse, Sodakeg…. Ces mots ne vous disent sans doute rien à vous simples dégustateurs de bières, mais si vous vous intéressez au brassage, vous aurez compris que je cite plusieurs types de fûts qui parsèment le paysage brassicole mondial.
Les fûts tout le monde connaît, des versions pros de 20 ou 30 litres aux plus petites versions pour particuliers, il y en a de toutes sortes, de tout format, et de toute composition. Mais plutôt que vous parler des fûts d’un point de vue technique, je préfère vous parler surtout des fûts dans leur ensemble et de leurs problématiques, notamment en terme de logistique et d’écologie car vous le verrez, le paysage brassicole, en ce qui concerne le type de fûts professionnels est en train de changer de visage au fur et à mesure que les années passent.
J’ai commencé à rédiger cet article il y a déjà un petit moment, et récemment, Dorothée Van Agt, présidente des Pink Boots France et co-animatrice de l’excellent podcast 1000 hectos a fait part de sa mauvaise expérience avec Soofut en région parisienne dans un épisode. Dans son récit, elle soulève certes, une mésentente avec le loueur de fût (tout du moins son représentant local) mais surtout, elle mets en lumière une problématique logistique bien réelle, que je subis au quotidien, et que nous allons tenter d’analyser en détail.
Les fûts plastique : idéal pour s’affranchir de la logistique mais une aberration écologique
Les fûts plastiques sont très couramment utilisés dans l’univers des brasseries indépendantes (crafts), et pour cause, pas besoin de stocker et gérer un parc à fûts, ceux-ci sont jetables directement par le client, nul besoin de gérer son retour !
Si sur le papier ces fûts sonnent comme une bonne idée, il n’en est pas moins que ces fûts ont de moins en moins la côte, tout du moins sur des tissus locaux ou nationaux. Pourtant il faut dire que les fûts plastiques ont à la base des avantages non négligeables si l’on souhaite envoyer ses créations au niveau national, voire même à l’international.
Cela va sans dire, le fut plastique, quelque soit la marque, reste le meilleur allié des brasseries lorsqu’il s’agit de faire des envois à l’étranger ou dans des zones éloignées qu’on ne touche quasiment pas, malheureusement ce type de fûts reste aussi une grande problématique.
Deux arguments me reviennent souvent sur ce type de fûts, la première, et non des moindres, l’aspect purement écologique. Il faut savoir qu’un fût plastique, bien qu’il puisse être pratique sur le papier en termes de logistique, que ce soit pour la brasserie qui les envoie sans retour ou le bar qui n’a pas à stocker du fût vide, il reste finalement un fardeau si l’on veut s’en débarrasser correctement.
C’est là que le second problème de ces fûts est mis en lumière : leur fin de vie et leur dangerosité liée à cela. Bien souvent, les fûts plastiques classiques sont jetés dans une benne proche du bar, or, c’est illégal pour deux raisons : la première est que celui-ci, s’il n’est pas dépréssurisé avant (et c’est très souvent le cas), peut littéralement exploser dans le camion des cantonniers et faire quelques dégâts, et enfin ces fûts ne sont pas jetables comme tout déchet plastique mais doivent être déposés dans les déchetteries qui veulent bien les accepter.
En effet, les déchetteries sont en théorie le seul endroit pouvant accueillir des fûts plastiques, ce qui implique une logistique quasi-impossible pour le bar. Pas ou peu d’établissements ne peuvent se permettre de stocker du fût vide pour ensuite aller dans une déchetterie, payer, puis déposer les fûts. C’est une tâche chronophage, coûteuse et qu’aucun bar n’a envie d’accomplir.
Enfin, certaines déchetteries refusent les fûts plastiques en raison de leur dangerosité s’ils ne sont pas dépréssurisés comme évoqué plus haut, ce qui implique donc de trouver le bon endroit, tout en payant les frais de dépôt.
Pour conclure sur le fut plastique, un dernier petit détail à souligner, est le fait que compte tenu du fait que ceux-ci soient très variés selon le fournisseur, ils ne disposent pas tous des mêmes têtes de tirage, autrement dit, le bar doit jongler entre plusieurs têtes différentes, et en cas de changement de fût, celui-ci doit donc perdre du temps à devoir changer les têtes de tirage et ce, aussi rapidement qu’un mécano sur un stand de F1 s’il est en plein rush.
Pour faire simple, le fût plastique est pratique quand on exporte loin de chez soi car il n’implique aucune politique de retour, mais si l’on veut respecter un tant soit peu la loi, le bar doit donc stocker ses fûts plastique vides, les sécuriser puis les emmener dans une déchetterie acceptant ces fûts tout en payant pour le dépôt (sans compter le coût du déplacement), un gros avantage donc pour la brasserie mais pas pour le bar si celui-ci veut respecter absolument la loi. Ajoutons à cela que les fûts plastiques sont plus chers que les fûts inox depuis déjà plusieurs années et beaucoup de brasseries changent pour aller vers le fut métallique.
Il est toutefois à souligner, avant de parler de l’inox, qu’il existe des sociétés essayant de rester sur les avantages du fût plastique tout en facilitant sa réutilisation et son empreinte écologique, je vais citer notamment la marque française Flexikeg avec ses poches réutilisables plusieurs fois, tout comme les fûts Ecofass qui se veulent réutilisables également, mais plusieurs brasseries provençales (mon secteur d’activité) ont récemment basculé sur l’inox et ont vendu leur parc de fûts Ecofass, alors pourquoi un tel changement?
Le fût Inox : meilleure solution?
Les fûts inox sont les plus connus et visibles par le grand public. Les industriels ne s’y trompent pas, ces fûts sont ceux qu’ils utilisent pour alimenter tous les bars avec qui ils ont un contrat brasseur, en direct ou par le biais d’un distributeur.
Certes, quand on est une brasserie indépendante, mieux vaut s’affranchir d’exporter trop loin ce type de fûts sous peine de ne pas les revoir avant longtemps, voire jamais, quand ceux-ci ne sont pas réutilisés ou carrément volés par d’autres brasseries ou brassam’.
Le fût inox est bourré d’avantage, de par sa recyclabilité, sa facilité de réutilisation (si l’on dispose du matériel adéquat évidemment), son type de tête souvent unique (les fûts plastiques n’ont pas tous les mêmes têtes comme nous l’évoquions), il accorde une meilleure souplesse en cas de changement de fûts, il se stocke assez facilement car les fûts s’empilent (exception faite des fûts dits “slim”), et enfin ils sont beaucoup plus sécurisés que les fûts en plastique.
Sur les inconvénients, il y en a finalement assez peu. Le premier reste le poids du fût, supérieur à un fût plastique, impliquant donc de faire attention à la manipulation, tout du moins il faut veiller à ce que soi-même ou les autres membres de l’équipe manipulent les fûts avec les bons gestes. Second désavantage, ce type de fûts implique, si l’on est une petite brasserie, de ne pas trop s’éloigner de sa zone de chalandise sous peine de ne pas récupérer ses fûts rapidement.
Pour ce dernier point, c’est là que le cœur de cet article est doucement en train de se positionner : la logistique !
Logistique et futs inox
Je suis moi même issu de la logistique, 15 ans dans ce métier en sus de la bière, je peux vous dire que mes poils se dressent lorsque je vois des choses dont la logistique est mal fagotée, et avec les fûts inox, j’ai pu faire ce constat, mais je ne suis pas le seul !
J’ai fait beaucoup de TTO avec des brasseries qui possèdent leur propre parc de fûts, or, si la brasserie vient de loin, et que je leur prends 10 fûts, je ne vais peut être tomber que 2 fûts dans la soirée (mon bar est petit en terme d’espace intérieur et nombre de becs), ce qui implique pour moi de stocker leurs fûts longtemps s’ils ne reviennent pas souvent, et pour eux de voir des fûts dans la nature impossible à rapatrier sans surcoût.
Car c’est là toute la subtilité du fût inox : qui paye quoi? Nous avons, en tant que bar, une consigne à payer (30€ mais cela risque d’augmenter, nous y reviendrons ultérieurement), et elle ne nous est renvoyée sous forme d’avoir qu’une fois ces fûts rendus. Donc cela implique que la brasserie récupère ses fûts, et rembourse la consigne au bar. Mais si la brasserie est très éloignée, alors personne ne va vouloir payer un transport pour quelques fûts vides. Certaines brasseries passent les récupérer en passant dans les parages de temps en temps, ou négocient avec un de leur distributeur, mais en règle générale, ces fûts sont perdus durant un assez long moment et prennent la poussière dans les bars (qui ne sont pas souvent bien grands).
C’est pour cela que beaucoup de brasseries utilisent le fut inox (leur propre parc ou la location) et utilisent du fût plastique pour les commandes éloignées, c’est moins écologique, mais compréhensible aussi d’un point de vue pratique.
Les brasseries qui achètent un parc de fûts veulent voir ceux-ci revenir et pour cause, ils sont assez chers à l’achat et si l’on en laisse trop dans la nature, on a vite fait d’être à court de matériel une fois que le prochain brassin est prêt à l’enfuttage. Et c’est à travers cette problématique qu’une autre solution a été remise au goût du jour, notamment par la société Soofut, la consigne des futs inox.
Les fûts consignés
Cet article n’est pas sponsorisé, je le précise, mais je collabore en tant que bar et brasserie avec Soofut Vitrolles (13) depuis un moment déjà, et j’ai pu constater ses avantages mais aussi ses quelques inconvénients qui sont étudiés de près par le gérant de l’agence sud-est.
Soofut est donc un laveur et un loueur de fût, uniquement cela, je le précise pour la suite car c’est très important. En tant que brasserie, j’utilise Soofut parce que d’une part cela m’évite de passer sur du plastique, ensuite parce que les fûts plastiques sont devenus très chers, et enfin cela m’évite d’investir dans un parc à fûts et une laveuse, je paye un service, je récupère mes fûts et je les remplis.
Maintenant, vu que je suis aussi un bar, c’est là que les problèmes commencent et que certaines incompréhensions se mettent en place. Tout comme je le disais quelques paragraphes plus haut, les bars n’ont pas le temps d’assurer les retours, et encore moins la place de stocker du fût vide durant de longues semaines, notamment pour les bars indépendants qui voient leur carte tourner assez régulièrement. J’ai constaté cela très rapidement car je travaille avec beaucoup de brasseries locales qui, comme moi, utilisent du fut consigné, cependant, je ne commande pas chez elle toutes les semaines.
Avec près de 60 brasseries autour de Marseille et intra muros, il est évident que j’essaie de travailler avec un maximum d’entre elles, mais avec 6 becs pressions, dont 2 déjà réservés par ma propre brasserie et celle d’un de mes associés, cela va sans dire que j’ai une rotation régulière mais pas assez soutenue pour commander chaque semaine du fût à tout le monde.
Je vais donc faire tourner les brasseries, commander plusieurs fûts à l’une d’entre elles en juillet, mais ne pas recommander ensuite avant Octobre par exemple, et en attendant je fais face à mon problème : les fûts ne sont pas récupérés et prennent de la place.
J’ai dû louer un box de 40m² dans un autre quartier pour stocker des bouteilles et cans, fûts pleins et matériel, mais aussi et surtout du fût vide qui bouffe littéralement tout l’espace de mon bar qui est assez petit. Ajoutons à cela le fait que Biere Academy propose des ateliers, cela implique de faire de l’espace et donc impossible de trop cumuler sans altérer le confort des participants et le travail de mon équipe.
Donc comment faire?
Engager une démarche logistique avec son loueur de fûts?
Soofut dispose de plusieurs antennes dans l’hexagone, dont une près de Marseille, à Vitrolles, tenue par Gorka Voumbi-M’Bys, un ami connu au départ comme brasseur amateur puis comme gérant de Soofut Vitrolles. Celui-ci, tout comme moi, a commencé sa carrière dans la logistique, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que tous deux réfléchissions à une solution logistique entre les différents acteurs.
Seul hic, Soofut n’a pas vocation, au départ, à s’engager dans de la logistique et certaines brasseries semblent avoir occulté ce détail. Toutefois, cela permet donc de mettre en lumière le souci majeur en ce qui concerne les fûts vides : le retour à la brasserie une fois vidés.
Il y a deux écoles, la première c’est que la brasserie qui fait ses tournées mensuelles, repasse voir ses clients qui ont des fûts vides et les récupèrent (même s’ils ne livrent pas), l’autre c’est ce que j’appelle communément la “prise d’otage” c’est que celles-ci ne viennent récupérer du vide que si vous repassez une commande, verrouillant ainsi un bec tournant sur son client de manière indirecte.
Pour cette dernière méthode, quand on est un bar indépendant, avec peu de becs, et que l’on a une rotation très grande avec les brasseries, difficile pour nous de stocker les fûts en attendant une commande qui aura lieu dans plusieurs semaines. J’ai donc, comme mentionné précédemment, dû investir dans la location d’un box et ramener moi même les fûts vides une fois par semaine, me faisant perdre du temps, de l’argent et usant de mon véhicule personnel de surcroît. Je n’adhère pas à ce genre de choses car c’est profiter des difficultés d’espace du client pour lui imposer de la vente en quelque sorte. Certaines brasseries ayant leur propre parc en revanche, ont tendance à assurer une vraie logistique de retour et ce, même si vous ne leur prenez pas de nouvelles commandes. Mais quand les fûts sont loués, on assiste à un phénomène plus compliqué concernant la reprise de ces fûts.
Nous avons donc entamé un crash test via un ramassage par vélo cargo, suivi d’un retour au dépôt des fûts au dépot de Vitrolles (13) une fois que le volume remplit assez le véhicule du sous traitant. Cela m’a beaucoup aidé, chaque semaine les fûts vides Soofut étaient donc récupérés, tout le monde y gagne, le bar qui vide son espace, la brasserie qui renvoie son fût et ne paye plus celui-ci, et enfin le loueur qui récupère du vide pour ses futurs clients.
Le test a été concluant, bien qu’améliorable, mais l’idée était là, cependant il reste une problématique qui se dessine doucement dans l’actualité.
Une revalorisation du prix des consignes, bonne ou mauvaise idée?
Le SNBI (Syndicat national des brasseries indépendantes) prône une revalorisation des consignes à 70€, un sacré gap quand on sait que la valeur actuelle des consignes est de 30€. Si l’idée même émanant du SNBI a pour but d’encourager les rotations des fûts, elle n’en reste pas moins un obstacle pour certains établissements et pour cause.
En règle générale, en tant que bar, tout comme mes confrères, je commande des fûts à 30 jours de règlement. La majorité de mes fûts passent dans le mois en dehors de quelques références un peu geeks ou “hors saison”, je les paye donc à échéance mais entre-temps, la brasserie n’a généralement pas récupéré ses fûts. Je paye donc la facture avec les consignes, et ce n’est qu’un certain temps après que la brasserie récupère les fûts et me fait un avoir sur une prochaine facture.
Cela signifie donc que je fais une avance sur les factures. Si je prends 10 fûts, cela représente 300€ de consigne à me retourner. Si le prix passe à 70€, je dois avancer 700€ de ma poche avec un retour de la consigne souvent bien après le paiement de la facture. Si vous avez une trésorerie fragile, difficile de passer à 700€ de consigne à avancer de sa poche et qui ne revient pas avant un moment. Une revalorisation aussi haute aura donc des effets néfastes à mon sens car la consigne actuelle fonctionne très bien si la logistique est correctement effectuée.
Passer à un tarif aussi élevé fait que les bars vont alors devoir rogner leurs budgets, passer sur des références très classiques et peu coûteuses, ou bien augmenter considérablement le prix des verres, voire encore carrément chercher des brasseries évoluant uniquement sur du fût plastique.
L’argument de cette demande de revalorisation est pourtant légitime : inciter à la consigne, à la rotation des fûts, et éviter les vols. Pour ce dernier, les vols ne sont pas si nombreux au final, difficile de me voler des fûts vides sachant qu’ils sont stockés dans un box sécurisé au sous-sol d’une résidence en ville par exemple. Quant à l’incitation à la consigne, les fûts à 30€ le font déjà bien et les sociétés comme Soofut évoluent très bien sur le marché.
Bien sur, je ne dis ici que mon avis sur cette revalorisation du fût, mais je dois avouer que même si je comprends cette demande du SNBI, je la trouve malheureusement trop irréaliste par rapport à la réalité sur le terrain. En effet les bars et caves fonctionnent à flux tendus et n’ont aucune logistique qui leur est proposée à moins de devoir recommander chez un fournisseur qui, comme je le citais plus haut, prend en otage son client via ses fûts vides. N’oublions pas enfin, que notre secteur est fragile, on ne compte plus depuis plusieurs années, les fermetures de caves et de bars dans l’hexagone, et les derniers restants, en dehors de quelques gros poissons, peinent à garder la tête hors de l’eau financièrement.
Vers une réelle logistique des fûts?
Lorsque je parle de prise d’otage des brasseries vis à vis des bars, je ne dis pas que c’est une généralité, mais bon nombre de brasseries vendent leurs fûts et ne prennent des vides que lorsque cela les arrange (pénurie, vente un petit peu forcé du commercial pour livrer et ramasser le vide etc..). Peu de brasseries à ma connaissance ne font l’effort de passer chez leurs clients pour juste prendre du vide. Je ne parle pas qu’en mon nom en disant cela, ce constat est aussi fait par beaucoup de confrères du pays qui témoignent de cette problématique;
Certaines brasseries jouent le jeu fort heureusement, elles savent que leur panel de client dans une zone définie ne va pas renouveler ses commandes chaque mois mais plutôt tous les 3 ou 4 mois, ça ne les empêche pas de vous écrire avant chaque tournée et de passer vous récupérer les fûts vides sans aucun souci. Cette logistique existe et ne concerne pas que les grosses brasseries ayant des budgets assez élevés.
En tant que bar, j’ai souvent vu les fûts traîner dans mon local sans aucune info de la part de la brasserie quant à la récupération des vides. Certaines m’ont même dit ne pas le faire du tout, ou que ça ne les arrange pas pour des raisons de coûts et de temps…..mais moi aussi je n’ai pas le temps de les ramener. Je me suis donc retrouvé avec presque une trentaine de fûts au pic le plus haut, à devoir rendre à des brasseries avec qui je bosse quelques fois par an, car elles ne voulaient pas venir les récupérer. Certaines se réveillent en dernière minute car elles ont une pénurie de fûts, mais en aucun cas on ne voit les brasseries se soucier de l’espace du client concernant ses fûts.
Certaines jouent le jeu comme je le disais, mais devant ce grand manque de logistique, le crash test logistique dont je parle plus haut avec Soofut et un prestataire à vélo fut un succès en termes de gain de temps, de place et d’énergie, mais cela reste un prototype de solution.
En tant que bar mais aussi brasserie, si le ramassage à vélo des fûts vides chaque semaine est sous traité, et qu’ensuite c’est relivré au dépôt, j’y gagnerais en temps et en argent et je n’aurais aucun souci à payer quelques euros supplémentaires
Soofut n’a jamais eu vocation à assurer la logistique de ses retours, elle loue et lave les fûts pour les brasseries, en aucun cas elle ne va les chercher. Alors l’idée est venue de songer à des formats “all in” pour les brasseries pour qui le ramassage serait assuré par Soofut. Il a été question de savoir ensuite comment partager ce coût pour lequel Soofut n’a rien à en tirer si ce n’est du travail supplémentaire. En tant que bar mais aussi brasserie, si le ramassage à vélo des fûts vides chaque semaine est sous traité, et qu’ensuite c’est relivré au dépôt, j’y gagnerais en temps et en argent et je n’aurais aucun souci à payer quelques euros supplémentaires. Si par exemple cela coûte 4€ par fûts, la brasserie peut me facturer de 2€ par fut en justifiant toute la logistique de retour dont je m’affranchis, moi et la brasserie. Ce coût ne peut pas être pris par Soofut à 100%, c’est à la brasserie et son client d’assurer la prise en charge de ce coût et pas le loueur.
Évidemment, je parle de Soofut car je travaille avec eux, mais je ne dis pas que la société a adopté cette solution, elle travaille sur le sujet sans assurer toutefois qu’il aboutira à une réelle application sur le terrain. Toutefois, cette mise en pratique a permis de soulever des questionnements et envisager de possibles solutions.
Le chaînon manquant à trouver?
Nous l’avons donc vu, les fûts sont une réelle problématique logistique, à la fois pour les brasseries, mais aussi pour les bars et aussi quand c’est le cas, le loueur de fût. Il manque donc un prestataire logistique sérieux qui serait à même d’assurer et couvrir tout le territoire pour gérer ces fameux fûts. Un défi colossal dont la rentabilité est à déterminer aussi, toutefois on peut imaginer un prestataire qui assurera la prestation logistique pour les futs inox mais aussi les fûts plastique. Une récupération des fûts plastiques vides pour ensuite les sécuriser et les déposer dans les déchetterie agréée, et une récupération des fûts inox avec un dispatch des relivraisons de ceux-ci dans leur parc agréé.
On le voit, avec environ 2700 brasseries sur le territoire, sans compter les brasseries étrangères, les fûts n’ont jamais autant circulé dans l’univers des brasseries crafts indépendantes. Cette problématique des fûts est donc bien réelle, le brasseur ou la brasseuse d’une petite structure n’a pas le temps de faire une tournée de ramassage de fûts vides régulièrement, les brasseries qui veulent se développer doivent jongler entre futs inox ou plastique selon le destinataire afin de faciliter les retours de vides et les bars n’ont pas le temps de gérer aussi les retours auprès des brasseries ou encore la gestion des déchets qui impliquent un déplacement à minima hebdomadaire dans un centre de tri agréé.
Il manque donc très clairement un chaînon dans le système des consignes, une structure qui saurait gérer, via un logiciel de suivi bien fait, les retours de fûts de toutes les brasseries clientes. Une prestation payante mais dont le coût peut aisément être partagé entre la brasserie et son client s’ils font preuve de bon sens. Effectuer soi-même cette logistique engage une perte de temps, d’argent et d’énergie, donc payer un tout petit peu plus cher son fut mais avoir du temps gagné pour développer son activité, le jeu en vaut clairement la chandelle à mon sens.
Il manque donc très clairement un chaînon dans le système des consignes, une structure qui saurait gérer, via un logiciel de suivi bien fait, les retours de fûts de toutes les brasseries clientes.
Reste à savoir si une consigne à 70€ ajoutée à un surcoût logistique de retour ou de ramassage pour déchetterie ne refroidira pas les ardeurs des brasseries et des bars qui privilégieront des contrats brasseurs ou distributeurs à terme afin de faire au plus simple et éviter une répercussion des coûts sur le client final.
Avant de conclure, il est à noter toutefois que cette question a été abordée par la société Collabfut, lancée il y a déjà quelques temps par le sympathique Léon Christophe Etilé, toutefois, peu d’infos circulent quant à une quelconque action entamée récemment, sans doute l’occasion d’en reparler ultérieurement, mais il était important de citer celles et ceux qui ont travaillé sur le sujet et continuent encore.
En conclusion
Un article qui s’adresse essentiellement aux professionnels, qui témoigne de mon expérience personnelle et de mon analyse mais dont les propos n’engagent que moi. Encore une fois, en tant que gérant de bar, la confrontation de ces problèmes est réelle, l’espace et le temps manque mais les bières, elles, se vendent, et j’aimerais tout simplement que les brasseries puissent jouer plus le jeu en terme de retour de fûts, ou bien qu’elles considèrent un surcoût logistique à appliquer via un intermédiaire ou elles en direct.
La question principale reste celle du coût, et du partage de celui-ci, car à mon sens, cela doit être partagé entre la brasserie et le bar. Si les deux entités font un gain de temps et donc d’argent, aucun souci pour payer quelques euros de plus par fût si l’on sait que celui-ci une fois vidé sera restitué à son propriétaire ou jeté au bon endroit.
C’est donc par cet article et cette conclusion que j’ouvre en quelque sorte la question de cette fameuse logistique des fûts vides, et de cette fameuse revalorisation des consignes qui semble, à mon sens, devenir un frein au passage des commandes des futurs bars.
Beaucoup de réflexions ont été émises suite à la première publication de l’article, certains évoquent un chainon qui devrait être pris en charge par un distributeur (dont certains ont créé des contrats comme les contrats brasseurs), d’autres par le loueur de fûts pour l’inox, d’autres encore prônent comme moi une répartition des coûts via un nouveau prestataire de service, bref, toute une ribambelle de réflexions qui alimentent le débat et le rendent d’autant plus intéressant.
Et vous, qu’en pensez vous? Quelle solution envisagez-vous? Manque-t-il réellement un acteur logistique dédié à notre secteur? Les brasseries doivent-elles songer d’emblée à une politique de ramassage des fûts vides chez leurs clients?
Je laisse volontairement la question ouverte au débat par le biais de cette analyse car c’est un sujet complexe et très intéressant dans un paysage brassicole en pleine mutation et de plus en plus volatile.
Je vous mets ci-dessous l’épisode de 1000 Hectos avec le témoignage de Dorothée à propos de la revalorisation des fûts.