Je vous emmène aux USA aujourd’hui pour découvrir ensemble une Stout de chez Untitled Art Brewing. Il ne s’agit pas ici, à proprement parler d’une brasserie mais plutôt d’une marque, indépendante, de bière mais pas que! Cette marque a été lancée initialement par Levi Funk. Frustré du marché dans son état, le Wisconsin, il a contacté Isaac Showaki de chez Octopi Brewing et très rapidement, les deux compères se sont associés sur ce projet.
La marque produit des bières mais aussi des Hard Seltzers et divers sodas. Ici on est un peu sur une forme de Gypsy sans l’être, les bières sont essentiellement brassées au même endroit au final, et l’un des associés possède la brasserie qui fabrique les divers produits. L’avantage est surtout la liberté de créer et vendre ce que l’on veut, et ça, nos amis de Untitled Art l’ont bien saisi. Plutôt que de se caler sur une gamme de bière classique assortie de quelques éphémères, on est sur du pur produit par envie, sur des stocks limités et avec quasiment uniquement qu’un seul brassin avant de passer à une autre recette inédite (un peu comme Noiseless par exemple).
Octopi Brewing est un projet de brasserie particulier, on pourrait même parler d’un incubateur à ce stade. Le projet est né en 2015 et l’idée est de brasser pour les autres et avec les autres, mais sur des rendus très qualitatifs, pas de bière à façon ou à étiquette basique juste pour générer de l’argent sur le dos d’une marque ou un événement par exemple. Levi Funk était l’un des 5 meilleurs clients avec sa “Funk Factory”, et très vite l’entente créera l’association engendrant la fameuse marque du jour Untitled Art.
Un des crédos du projet est aussi de s’assurer une indépendance de distribution. Aux USA, une loi, datant de la prohibition, empêche une brasserie d’être distributeur et vice-versa. De fait, une brasserie qui se met avec un distributeur est coincé quasiment à vie avec lui, et si le distributeur veut cesser de vendre votre marque, vous êtes coincé et il faut tirer une énorme somme d’argent pour espérer pouvoir récupérer votre marque et la confier à un autre distributeur. Cette loi, on ne peut plus stupide de nos jours, hérisse le poil de Levi Funk qui a cherché un moyen de vendre sa passion sans en subir les contraintes en quelque sorte.
Ils ont essayé au départ, en imposant des conditions, mais le distributeur leur est revenu via son avocat avec un contrat entièrement modifié et complètement limitatif pour le projet en question. De là ils sont partis sur l’idée de les envoyer se faire voir et vendre eux-même leur produit. La nuance est là, si vous êtes une brasserie, vous pouvez vendre par vous même vos propres produits, par contre, vous ne pouvez pas être distributeur, c’est-à-dire vendre aussi les produits des autres. De fait, nos amis ont loué des camions et ont commencé à vendre leurs brassins par eux-mêmes, comme bon nombre de brasseries.
Cependant, ce n’était pas leur coeur de métier et puis on se limite très vite vis à vis de son temps de travail, il fallait donc trouver un partenaire distributeur qui ne soit pas enclin, comme tous les autres, à les verrouiller et se donner droit de vie ou de mort sur eux en cas de souci, un distributeur “new age” qui soit humain et prêt à aider une marque à vivre librement.
Depuis, nos amis ont réussi à se faire distribuer un peu partout, avec des contrats non limitatifs justement, les distributeurs “new age” deviennent plus humains, plus cléments, on le voit aussi en France où peu de brasseries artisanales sont distribuées par des grands groupes. En général s’ils le sont c’est parce qu’un grand groupe est déjà dans les comptes, ou possède la marque.
Maintenant que vous en savez plus sur cette brasserie, je vous propose de découvrir avec moi une Banana Foster Stout, une petite bière Stout brassée avec du lactose, de la vanille et de la cannelle, une bière de dessert donc, qui a attiré ma curiosité car j’ai toujours aimé la banane, mais dans la bière, c’est peu répandu, et pas souvent bien réussi….
Go Bananas!
La canette délestée de son opercule, on retrouve une bière à la robe marron, très terreuse avec un peu de dépôt en fond, le tout recouvert par une mousse fine et peu persistante.
Le nez est très orienté banane avec des pointes sucrées, la cannelle, en tout cas pour ma part, ne se ressent pas, sans nul doute noyée par le sucre justement.
Un dessert ou une bière?
Le début est très rond en bouche, mais il y a toutefois un équilibre assez bien tenu qui fait que la rondeur n’est pas non plus extrême, laissant à la bière un peu d’amertume tout au long de sa dégustation. La cannelle se fait sentir sur la fin, avec une pointe d’amertume assez légère et bien équilibrée.
En conclusion
Une bière très agréable en soi, mais, petit bémol, son côté sucré, tenu par le lactose, la vanille et la cannelle en font trop. Ce n’est sans doute pas pour rien que le format est de 33cl et non pas 50cl pour la plupart des cannettes de la brasserie. On peut vite être écoeuré avec une pinte de cela, car en plus du sucre, le tout est dense, et forcément, on perd vite le côté dégustation au-delà de 25/33cl selon la personne.
Autrement dit, une très belle bière, mais à consommer sans doute en one shot au cours d’une dégustation afin de ne pas être trop écoeuré par le sucre ambiant.