Aujourd’hui chers amis je vais vous parler de la brasserie Rubé, une brasserie que j’ai eu l’occasion de rencontrer tout récemment et que j’ai adoré.
Nouvelle brasserie marseillaise, la brasserie Rubé est encore au statut de microbrasserie, initiée tout récemment par Arthur et Samira, l’idée de se lancer leur est venue après avoir passé du temps à brasser en amateur pour les copains, et avec l’envie de changer d’air et donc de quitter leurs métier respectifs pour quelque chose qui leur correspondait plus.
Un petit topo sur le nom et sa localité d’abord !
On va commencer déjà par le nom car il n’est pas anodin et vous allez comprendre. La Rubé vient du nom de la rue ou elle se situe : la rue Bénédit, longue rue qui part du quartier de la Belle de Mai et qui rejoint le fameux Palais Longchamp, magnifique château avec un parc qui autrefois abritait un parc zoologique et maintenant un musée d’histoire naturelle ainsi qu’un observatoire.
La contraction Rubé vient donc de là, une rue que j’ai arpenté des centaines de fois gamin en allant au lycée vu que j’habitais la Belle de Mai, petit quartier de Marseille, autrefois village, maintenant un peu laissé à l’abandon qui abrite désormais la fameuse Friche, lieu d’accueil de concerts, salons, avec un tas de petits coins ou se restaurer, et à l’opposé, le pole media de la Belle de Mai et son incubateur qui renferment notamment les studios de Plus Belle la Vie.
La Belle de Mai a un rôle assez important dans la démarche de la brasserie que je vais vous raconter, il faut savoir que c’est un quartier autrefois fait comme un village, les fameux bâtiments de la Friche et de l’incubateur étaient une usine à cigarette remplie d’ouvrières en blouses bleues. Ce quartier a changé plusieurs fois de communauté à travers les années, j’y ai vécu durant 17 ans, on a vu les Italiens, puis une communauté gitane et ensuite les comoriens qui partagent désormais la place avec des « bobos » (je ne dis pas ça de manière péjorative, attention) qui veulent redorer le blason de ce quartier et sa variété culturelle trop laissé à l’abandon du centre-ville dont il est tout proche et de ses centres commerciaux.
On visite le local, pas touche Stephane Plaza c’est pas à vendre !
Dans ce quartier et aux alentours, on retrouve beaucoup d’immeubles marseillais sur 2 à 3 niveaux qui disposent au rez-de-chaussée d’un grand jardin en longueur qui autrefois était à disposition des habitants, on y trouvait un potager, un lavoir etc… maintenant ce sont des jardins privatisés avec l’avènement de l’électroménager par exemple. A titre personnel, mon arrière-grand-père possédait un appartement au rez-de-chaussée avec un grand jardin et une grande cave à la Belle de Mai par exemple.
Notre brasserie Rubé, elle, est justement dans le même contexte, un rez-de-chaussée avec jardin et dotée d’une grande cave. En fait la brasserie est située dans l’immeuble ou vit notre couple de passionnés, pour accéder théoriquement à la brasserie vous devez traverser les parties communes pour aboutir dans un grand jardin (celui de l’appartement de nos brasseurs), cependant, la brasserie ne se visite pas, elle n’est qu’un lieu de production actuellement, mais peut être un jour dans un local ? Qui sait?
Sur la droite du jardin, un poulailler ou les poules sont nourries avec des drêches, et à gauche, des plants de houblons et d’autres plantes et légumes qui poussent çà et là. A côté du poulailler on trouve un petit local ou se trouvait avant un ancien lavoir réaménagé en brasserie, sur une étagère 3 grand bidons en métal aménagés pour contenir le malt, autrefois cuves pour du miel, elles ont été nettoyées par nos amies les abeilles et sont dorénavant entièrement consacré aux céréales.
A côté une cuve d’empâtement, un refroidisseur à plaque et une dernière cuve isolée avec des briques.
Une fois que tout est terminé, le brassin est transféré directement à la cave ou l’on trouve 3 conteneurs de fermentation et le petit laboratoire pour les levures. L’embouteillage se fait à la main, et l’étiquetage se fait avec une étiqueteuse à colle classique.
Une bière de quartier
Souvenez-vous, la bière de la Plaine a créé son label AOQ, appellation d’origine de quartier, la Plaine étant un quartier de Marseille. Nos amis sont dans la même démarche, une distribution essentiellement axée sur des commerces de proximité du quartier, dont la cave à bière Cane Bière (dont nous avions parlé il y a longtemps et qui a été reprise depuis et qui marche du tonnerre), et le restaurant très craft Monsieur Madame (dont nous parlerons ultérieurement sur le blog).
Cette orientation « quartier » fait penser justement à ces villes autrefois qui avaient toutes une brasserie par quartier comme on avait son boulanger, son maraîcher etc.. Et justement c’est là que nous allons parler de la première bière, la Jobin dont l’étiquette très colorées un peu dans un style Warholesque représente 2 visages inconnus.
Justement ! Qui sont ces visages inconnus me direz-vous (ou pas hein), et bien ce sont des acteurs du quartier justement !
La bière s’appelle la Jobin, c’est le nom de la rue Jobin simplement, rue qui fait la continuité de la rue Bénédit, et qui descend jusqu’à la place Cadenas, place centrale de la Belle de Mai, et qui accueille la Friche et le Pôle Media. Et bien sur cette rue, on y trouve une petite pizzeria très appréciée, et bien l’un des deux est Florian du restaurant “le plancher bas”, et le second, c’est Patrick le président du CIQ du quartier !
Nos amis ont voulus en plus de faire une bière dans un style AOQ comme nos copains de La Plaine, faire participer les gens qui font vivre ce quartier justement, du coup, ne vous étonnez pas de voir des visages inconnus sur ces bouteilles, ce sont justement des habitants du quartier ! Et c’est génial !
La dernière fois où j’ai vu une démarche similaire, c’était au Québec sur l’île d’Orléans, une brasserie qui mets en avant sur ses étiquettes des anciens habitants du quartier qui ont eu une petite influence, comme un ferronnier, un curé etc…. et cette démarche de Rubé me rappelle exactement cela, sauf que là les gens sur la bouteille sont vivants !
Au niveau de la gamme, on a la Jobin qui est en vente, et une Ambrée ainsi qu’une Stout vont suivre, elles sont prêtes et ne vont pas tarder à sortir de leurs cartons !
Rubé c’est une brasserie cool faite par des gens cools !
Je vous parle de la brasserie mais je vais aussi vous toucher des mots sur Samira et Arthur, couple super sympathique qui s’est lancé dans l’aventure.
Arthur était technicien dans un cabinet d’étude, Samira a géré des équipes justement au Pôle Media, tous deux ont décidés de se réorienter vers cette passion commune.
Samira a fait une formation agricole également, pour parfaire ses connaissances de la terre et aussi par envie d’un retour à la terre et aux travaux manuels comme Arthur également.
On retrouve dans leur démarche un côté touchant, des gens qui aiment à la fois la nature, et leur petit quartier, ils veulent lui donner un peu de lumière à travers autre chose que des réseaux sociaux, à savoir la bière, le 1er vrai lubrifiant social reconnu ! Oui je m’emporte, mais la démarche écolo, la débrouille et l’ingéniosité dont ils ont fait preuve pour brasser et leur accueil ne peut que vous faire aimer leurs bières et leur travail justement !
Leurs bières, je les ai goûtées, elles sont très belles, parfumées, aromatiques, bien équilibrée, on parlera de la Jobin dans quelques temps justement (et on reparlera forcément de l’étiquette hein !) et surtout tous les formats sont en 50cl, format qu’on peut boire seul (une pinte donc) ou qu’on peut justement partager avec un ami ou son/sa chéri(e) avec 2 petits verres de 25cl. Une bonne idée d’une part, mais aussi un choix logistique évident compte tenu de leur capacité de production et la place qu’ils ont dans leur local (alterner plusieurs formats de bouteilles rend le stockage plus compliqué si on a un local petit).
En conclusion
Après quasiment 2 belles heures à refaire le monde, parler bières, parler Marseille et autres projets, j’ai pu découvrir une nouvelle brasserie qui fait partie de mes 1er coups de cœur de l’année. On est donc pas sur une démarche d’une bande de potes comme Zoumai, Plaine, pas sur une démarche individuelle comme Max et la Minotte (qui a bien grandi depuis !) mais sur une démarche d’un couple passionné comme Laure et Gonzalo de Partfaite.
C’est là que l’on voit que les brasseries n’ont pas de modèles prédéfinis, c’est toujours une passion, qu’elle soit entre amis, en couple ou seules, on retrouve toujours un de ces 3 formats, et des profils atypiques, que ce soit un chercheur en microbio, un marin, un pharmacien, un informaticien, un ingénieur ou autre, les profils diffèrent tous mais aboutissent à la même passion qui, espérons-le continuera, et contrairement à ce que disent certains grands groupes, ce n’est pas une tendance ni une passade, c’est une expansion naturelle qui va certes, ralentir un peu, mais qui va rester car à l’origine les brasseries étaient nombreuses et variées, les industriels ont leur avance mais les petits avancent, ils deviennent des acteurs de leurs villes et sont sollicités de plus en plus, mais que nos amis industriels se rassurent, ils ont une avance encore très large, en attendant, laissez tranquille ces gens passionnées qui veulent non pas faire une bière pour faire de l’argent, mais vivre d’une passion tout en rapprochant les gens et en racontant parfois des histoires ou en faisant briller des lieux ou des gens qu’ils aiment, ces gens n’ont pas des dollars à la place du cœur, ils ont un cœur, et c’est justement pour cela que Rubé et les autres doivent continuer à exister.
Un grand bravo à eux et souhaitons-leur une longue continuation dans leur aventure, dont nous ne manquerons pas de parler dans les futures semaines !
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